intégration de la mobilité des yeux, 20 février 2022, photo©p.tacchella
LA COMPAGNIE « A HAUTEUR DES YEUX »
C’est d’abord un travail de sculpture ; puis d’élaboration d’articulations pour faire de cette sculpture une marionnette. Puis découvrir les mouvements qu’elle produit. Puis modifier, jouer, modifier, jouer… C’est un travail évolutif : les marionnettes de la compagnie A HAUTEUR DES YEUX « ne sont pas », mais « évoluent vers quelque part ». C’est une recherche. À leur tour, les outils d’expression que sont les marionnettes sont réinventés, adaptés, complétés. Aucune des solutions trouvées ne pourrait être définitive ; parfois l’une des solutions permet même de revenir vers d’anciennes versions pour les redécouvrir, retrouver leur valeur de base et les affirmer avec un nouveau point de vue. Le terme « à fils » est alors une métonymie pour les liens entre marionnettiste et marionnette, ou au sens plus large : entre marionnette – danseuse – musicienne – marionnettiste – spectateur.
Il y a au départ l’observation des mouvements créés par des systèmes bio-mécaniques. Cela influencera l’organisation d’articulation « mécanique pure ». La création des êtres mécaniques A HAUTEUR DES YEUX, leurs mouvements qu’elles expriment, constituent un langage scénique puissant, une sorte d’ « usine à rêve » pour le spectateur.
C’est un travail sur le changement.
C’est un travail dans le temps.
Le travail dans « le temps long » – avec d’importants temps de jachère (« Brachfeld », terre au repos) – permet d’analyser le sens profond d’un mouvement, de développer le jeu de « mouvements de grande complexité ». De par la sculpture, les marionnettes sont aussi témoin de leur « naissance », ils représentent une mémoire initiale (de leur construction), puis une mémoire de leur « pouvoir mouvements » les situant dans leur époque. Dans leur moment de jeu sur scène, les marionnettes travaillent dans « le temps réel » : dans ce moment du jeu elles « sont », vivent, expriment, mais sont en même temps aussi à l’écoute, s’impriment de leur lien vers l’autre et des énergies les entourantes, accumulent « ce qui est ici et maintenant ».
C’est qu’en partie qu’on peut définir le rôle des marionnettes de la compagnie A HAUTEUR DES YEUX, car une grande partie de leur expression et influence ne se manifeste que par et pendant le jeu lui-même. Cette autonomie de leur être, ce monde secret et pourtant si accessible, est sûrement de ce qu’il y a le plus précieux à découvrir et à avoir la chance de pouvoir travailler avec !
Le terme performance danse contemporaine est la forme qui décrit au mieux le travail scénique de A HAUTEUR DES YEUX, montré au public. Pour la plupart du temps il s’agit d’un travail pour « tout public », mais les parents devraient accompagner leur enfants.
La recherche de la compagnie réalise de A à Z conception et fabrication de systèmes de suspensions, articulations, programmation- automatisation, mais crée aussi le jeu et les chorégraphies de ses propres performances. Chaque évolution d’une de ces branches pousse les autres à se mettre au même niveau… une évolution infinie !
Un volet didactique permet (quand c’est possible) à des jeunes de participer aux projets de la compagnie. La transmission de la technique et du jeu fait partie intégrante du travail de la compagnie.
mars 2023, Okana à l’atelier, photo©ptacchella
PADRUT TACCHELLA
PADRUT TACCHELLA
Inventeur infatigable dans l’art de la marionnette, Padrut Tacchella conçoit et construit ses marionnettes, réalise et modifie des systèmes de suspension mécanique/hydraulique/électro-mécanique. Avec sa compagnie A Hauteur des Yeux il réalise des performances mettant en jeu ses marionnettes, des danseurs, des musiciens, des acteurs et diverses machineries. Construits dès 1985, les personnages de sa compagnie sont d’abord des êtres en bois : le Pharaon à qui l’on a volé ses yeux de diamant peu après sa mise en tombe, « Okana » danseuse/automate de taille humaine, Lutko, rescapé d’une guerre et de par son métier cosmonaute… A travers des systèmes mécaniques à poulies et contrepoids – comme dans les anciens théâtres – la compagnie développe un travail de recherche sur le mouvement et sa mémoire. Depuis 2007, la recherche et le développement intègre l’hydraulique pour la gestion des mouvements de la marionnette en acier pour le projet XD2r-3r-4r : tous les fils sont désormais changés pour cette marionnette par des tuyaux hydrauliques et reliés vers un jeu d’orgue manuel ou 10 joueurs s’activent. Et depuis 2020 la compagnie évolue vers le travail d’enregistrement de mouvements, motorisation, interface et programmation maxmsp rejoignent la philosophie du « jeu horizontal ».
En tant que concepteur de décors et installation/machineries scéniques, Padrut Tacchella fonde en 1995, avec Nathalie Tacchella et Diane Senger, la Compagnie de l’Estuaire. Il participe à toutes les créations dont il signe les scénographies et y participe comme performer entre 1995 et 2006. Il cofonde le théâtre du Galpon à Genève en 1996 et contribue activement à la réhabilitation et les aménagements du bâtiment jusqu’à sa fermeture en 2008. En 1996, il avait inauguré le Galpon d’Artamis avec Blizzard, création de la compagnie de l’estuaire.
Les marionnettes de la compagnie AHY s’intègrent dans le temps : en 2008, à la fermeture du théâtre d’Artamis, son prototype de marionnette hydraulique Xd2r transportait une maquette du théâtre à l’extérieur du bâtiment ; le 1er juillet 2011, la marionnette hydraulique Xd3r inaugurait le nouveau Galpon de la route des Péniches en déposant la maquette de 2008 sur une nouvelle poutre de bois. En 2017 Xd4r trace son propre histoire et conclue avec sa taille et son poids colossale l’exploit de 3 vrais pas « humains » vers le public. Et enfin en 2022 Xd4r devient sculpture à l’entrée du théâtre Galpon, invitant les promeneurs à rêver, à entrer dans le théâtre pour y continuer leur rêve !
Depuis une première rencontre à BIG-2017 à Genève, la compagnie AHY travaille régulièrement avec ENSEMBLE BATIDA, entre l’univers infini des sons et celui des mouvements complexes des marionnettes à fils ; développé d’abord pour Genève, puis rapidement s’ouvrant vers le jeu en tournée (Sarajevo, Srebrenica,…).
Depuis 2020 il développe le jeu de marionnette à fils horizontal, intégrant musiciens, joueurs, marionnettes à fils et public sur un même plan de rencontre.
Le jeu horizontal amène dans les années covid 2020-2022 à la motorisation et la programmation maxmsp pour « Okana » et sa petite soeur « Pahuljica ».
En parallèle, des recherches sur d’autres formes d’expression marionnette : le jeu d’ombres Chinoises… Comment faire des ombres blanches ? Une première recherche à ce sujet a démarré en mars 2023 au théâtre Galpon…
photo©Sabine Schwengel