Compagnie A HAUTEUR DES YEUX / Padrut Tacchella

les marionnettes à fils – automates

une recherche qui a commencé en 1984

Analyser puis produire des mouvements dansés, chercher le lien entre marionnette, danseuse et le marionnettiste, l’amplifier, le modifier, une recherche infinie…
Les marionnettes – automates de la compagnie A HAUTEUR DES YEUX sont des prototypes de recherche, elles évoluent en permanence, leurs croix sont atypiques, mélanges de croix traditionnelles, commandes d’automates, systèmes à multiples joysticks… Au début était l’idée de donner à voir aux spectateurs les créations à la même hauteur qu’étaient les yeux des marionnettes – aujourd’hui le marionnettiste rejoint à son tour cette même hauteur…
Un des centres de cette recherche est un travail sur la mémoire de mouvements à long terme : c’est comme si les marionnettes accumulaient, mémorisaient des mouvements perçus lors des créations et tout le long de leur existence, de même que les mouvements qu’elles puisent dans le « sous-sol de la conscience collective humaine » ou lors de leurs périodes d’hibernation jachère ; les marionnettes dorment, rêvent, ont un rapport autre que nous à l’évolution du temps.
Les marionnettes-automates s’expriment sans paroles, elles écoutent, elles observent, personnages imaginaires et réels en même temps, avec une étrange indépendance par rapport à leur marionnettiste. Elles sont détachées des contes, ont leur propre passé, leur propre histoire.
XD4r, marionnette hydraulique a fait ses premiers pas « sans fils », cherchant l’équilibre de son corps lourd en passant d’un pied à l’autre, relié par des tuyaux et de l’eau à 15 bar de pression aux 10 marionnettistes. Son rêve de traverser le pont de la liberté à Budapest est resté inachevé. Okana : un travail sur la respiration, le regard, les mouvements à fils complexes du roulis, tangage et lacet…LUTKO porte des témoignages d’une guerre. Chaque marionnette-automate a sa propre manière de s’exprimer  et entrer en résonance avec la danseuse, avec le public.

Les marionnettes-automates sont jouées en solo, à deux, à dix marionnettistes. Ces êtres en bois, acier, fil nous regardent ou détournent leur regard de nous. Une approche vers la robotique ? Oui et non. Le concept du « fil » est déjà en soi une première abstraction mécanisée tendant vers une autonomie, vers l’automate. L’automatisation des mouvements par les moyens du 20-21 ème siècle s’intègre dans ce concept et le complète, mais ne remplace en aucun cas le jeu intuitif, le ressenti humain, ce monde secret  qu’en tant que marionnettiste nous pouvons approcher en le représentant, mais qui restera énigme – pour le public, de même que pour le marionnettiste.

 

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